Avec l’arrivée de l’automne et malgré quelques occasions pour les uns ou les autres de partir en voyage ou de se reporter sur d’autres espèces et d’autres milieux, il est grand temps de mettre un coup d’entretien sur votre équipement le plus important après votre matériel. Vos waders respirants, pantalons de wading, cuissardes, mais aussi vos vestes respirantes ou encore vos chaussures ont besoin que vous preniez soin d’eux.
Je pense que nous avons tous en souvenir nos grands-parents ou nos parents, prenant du temps, pour cirer leurs chaussures, raccommoder des accrocs de pantalon, remplacer un bouton, etc…
Aujourd’hui, avec l’arrivée des matières techniques et la perte de certaines habitudes, le pratiquant a un peu perdu ce réflexe de bon sens qu’est l’entretien. Pourtant, dans un monde de consommation, il n’a jamais été aussi contemporain de prendre soin de son matériel. Les objectifs sont multiples, alléger l’impact sur le porte-monnaie, diminuer l’impact de notre consommation et de nos pratiques sur l’environnement, ou tout simplement, pour faire durer nos waders et nos chaussures préférés. Même en cours de saison, il est primordial de faire un point régulier, de vérifier leur état, d’évaluer les besoins de réparation et surtout de leur appliquer, après un lavage, un entretien permettant de prolonger la durée de vie du tissu, des membranes imperméables, des fermetures éclairs ou encore des coutures. Faisons, ici, le tour d’horizon de ce qui semble être le minimum pour ne pas être pris au dépourvu à l’ouverture la saison prochaine et surtout pour garder le plus longtemps possible son équipement en état.
Un bon coup de nettoyage et d’entretien
Avant toute chose, un bon coup de nettoyage s’impose. Les chaussures sont rincées, débarrassées des résidus de terre sous les crampons pour les semelles en caoutchouc. Pour ce qui est des semelles feutres, n’hésitez pas à utiliser un nettoyeur haute-pression pour pénétrer dans les fibres. Le principal inconvénient du feutre, au-delà du manque d’adhérence en dehors de l’eau, réside en sa faculté à emprisonner et donc transporter des agents pathogènes, voir des espèces exotiques envahissantes. J’attire votre attention sur cet aspect et vous invite à la plus grande rigueur dans le nettoyage de votre matériel, en particulier vos chaussures. Une désinfection de vos chaussures est notamment conseillée lorsque vous changez de cours d’eau. La survie de nos partenaires de jeu, mais aussi de leurs habitats, tout comme des autres habitants de nos cours d’eau, comme par exemple les écrevisses, en dépendent. De nombreux pays l’ont clairement compris et mettent déjà tout en œuvre pour diminuer les risques sanitaires, les pêcheurs voyageurs en savent d’ailleurs quelque chose. Ce sujet fera sans doute l’objet d’un autre article sur le blog Field and Fish.
Côté waders et veste, un passage en machine ou encore mieux, un lavage à la main peut être régénérateur pour le tissu. Il permettra de se débarrasser des impuretés, des tâches de terre ou encore de graisse. Attention, l’utilisation d’une lessive spécialement élaborée pour les tissus membranés est indispensable. Field and Fish fait confiance depuis de nombreuses années aux produits de la marque partenaire Nikwax, spécialisée dans ce type de produits. Elle garantit la non-utilisation de produits dangereux pour l’environnement et pour la santé. Vous pouvez alors utiliser la lessive Nikwax. Attention, l’usage d’adoucissant pour un tissu technique membrané est interdit sous peine de détruire définitivement les capacités techniques de la membrane.
Une fois nettoyés, vos chaussures de wading et vos vêtements imperméables peuvent bénéficier d’un petit traitement de faveur. L’utilisation d’un produit imperméabilisant pour les uns et d’un produit d’entretien pour les autres semblent adéquats. Pour les chaussures, Field and Fish vous conseille d’utiliser les produits de la marque Saphir en utilisant le nettoyant Sneaker Cleaner mais aussi le soin Combi pour cuir synthétique et textile. Pour les vêtements, les produits Nikwax cités précédemment seront parfaits, en particulier l’imperméabilisant TX direct. Ce traitement est primordial pour maintenir les propriétés déperlantes de vos vêtements. L’eau glissera sur la surface extérieur du tissu. A l’inverse, si vous n’entretenez pas cette particularité, la couche externe de votre vêtement s’imbibera d’eau comme une éponge, diminuant fortement les performances d’imperméabilité. Un dernier produit dans la gamme est destiné au tissu softshell appelé softshell proof.
Enfin, un entretien de vos fermetures éclairs sera également nécessaire. Je connais peu de personne le faisant, mais un nettoyage si nécessaire, ainsi qu’une lubrification seront les garants d’une durée de vie optimale. Vous pouvez utiliser un lubrifiant siliconé, une cire ou un savon sec. Une fermeture éclair reste de la mécanique. Un manque d’entretien est synonyme de casse future.
Les pépins physiques des chaussures
Côté chaussures, faites également le tour de vos coutures, vous pouvez nourrir le fil à l’aide d’une graisse ou de poix afin d’aider fil à résister à l’abrasion par frottement et à mieux vieillir face à la succession de phases sèches et mouillées. En cas de coupure, vous pouvez stopper la progression de la détérioration du fil en appliquant une couche de colle. Là encore, des produits étudiés spécifiquement existent. Je vous conseille une colle transparente pour son esthétisme mais surtout une colle souple, qui ne craquera pas dans le temps et étanche pour résister à l’eau. Vous pouvez notamment utiliser la gamme de la marque Gear Aid, à qui nous faisons également confiance. La colle « Seam Grip » est totalement adaptée à cet effet. Elle demande un temps de séchage d’environ 12 heures. Vous pourrez en appliquer une seconde couche pour encore plus de résistance. Nous allons voir plus loin que son utilisation ne s’arrêtera pas là, elle pourra notamment vous sauver la mise pour réparer vos waders.
Il en va de même pour vos systèmes de serrage. S’il est temps de changer un lacet blessé, de changer un scratch qui fatigue ou de changer le système de lacet et de molette si vos chaussures possèdent un système de type BOA ou ATOP, comme cela est le cas de nos chaussures de wading ATOP II. En cas de grosse fatigue ou de casse, un kit de rechange ATOP comprenant un nouveau câble, ainsi qu’une molette de rechange. Une vidéo sur la chaine Youtube Field and Fish permet de visualiser comment démonter et remplacer le système.
Enfin, en cas de début de décollement de semelle, et avant de passer par la case cordonnier, vous pouvez tenter de recoller en utilisant encore un produit Gear Aid, et en l’occurrence, la colle « Aquaseal+SR ». Dans cette situation l’idéal est de poncer les résidus de colle de la semelle en EVA, ainsi que la partie de la tige en contact avec la semelle avant de rencoller. Un coup de papier abrasif avec un gros grain permettra ensuite une meilleure accroche. Si la semelle est trop décollée, adressez-vous à un cordonnier qui pourra replacer votre semelle en appliquant une pression uniforme sur l’ensemble de la chaussure le temps de l’encollage, ce qui n’est pas chose aisée à la maison. Vous pouvez néanmoins tenter le home-made avant de vous adresser à un professionnel.
La détection et la localisation des fuites sur les waders et vestes
Côté waders et vestes, la première chose à faire est de localiser les fuites. Même si vous finissiez mouillé de votre session de pêche, il n’est pas toujours évident de localiser avec précision le problème. J’utilise moi-même deux techniques pour y parvenir.
La première consiste à remplir d’eau votre wader. Dans un premier temps, le remplir à l’intérieur jusqu’au genou, une jambe à la fois. Vous verrez apparaître de petites gouttes à la surface du tissu côté extérieur. A défaut de gouttelettes, des zones, où le tissu s’imbibe d’eau, apparaitront en devenant foncé sous l’effet de l’humidité.
Munissez-vous d’un crayon de papier, d’une craie, ou d’un stylo et marquez ces fuites. Côté néoprène, les fuites sont plutôt majeures, vous verrez rapidement de l’eau goutter à la surface du chausson. Si vous pensez avoir des fuites au-dessus du genou, je vous déconseille de remplir votre wader, histoire d’économiser l’eau mais aussi pour éviter de faire souffrir votre wader. Vous pouvez faire circuler les quelques litres déjà présents au fond de votre wader vers l’entrejambe. D’une main, relevez le bas des jambes en agrippant les chaussons, de l’autre relevez le haut du wader. Faire séjourner l’eau dans la zone suspectée et patientez jusqu’à la détection de l’infiltration.
Après séchage, je conseille de renouveler la même opération en retournant votre wader. Pourquoi me direz-vous ? Et bien pour la bonne raison que vous pourrez détecter plus facilement une bande d’étanchéité défectueuse. En effet, en remplissant l’intérieur de votre wader, et une fois passée la bande d’étanchéité, l’eau va suivre les coutures et jaillira à plusieurs endroits, et ce même si votre bande est intacte. En le retournant, les fuites détectées apparaitront là où la bande d’étanchéité est défaillante. Vous pourrez alors intervenir de façon beaucoup plus précise. Il faudra être bien attentif, les fuites se détectant moins facilement sur le tissu gris qui compose l’intérieur de votre wader.
Une seconde technique, autre que l’eau, peut être utilisée. Je la préconise pour faire un premier état des lieux lorsque je reçois un wader. Pour cela, je prends un spray contenant de l’alcool ménager. J’asperge ensuite l’intérieur du wader d’alcool. Ce dernier est très volatile. Le liquide passera très rapidement au travers des fuites, et de la même manière que l’eau, il fera apparaitre des zones plus foncées, imbibées de liquide, sur la face extérieure du tissu. Son avantage par rapport à l’eau ? Sa faculté à s’évaporer très rapidement et donc la possibilité d’intervenir quasi immédiatement sur le wader pour la phase de réparation. Son inconvénient est sans doute son inutilité pour les fuites qui concernent le néoprène. Pour les chaussons, l’eau reste le moyen le plus approprié.
Le matériel pour étancher les fuites
Pour toutes les opérations réalisables à la maison, il vous faudra une colle souple et étanche, de préférence transparente comme la « Seam Grip » de Gear Aid pour les tissus respirants, ou la « Aquasure+FD » de Gear Aid également, adaptée au néoprène. La Seam Grip s’appliquera préférentiellement à l’extérieur du wader ou de la veste. Pour l’intérieur, je vous conseille les patchs thermocollants. Ces derniers existent en différents diamètres (25, 50, 75 et 100 mm), ainsi qu’en patch carré (100×100 mm) dans lequel il est possible de découper la forme souhaitée. Field and fish vous propose un kit complet de patch et de bandes sur le site de vente. Les bandes d’étanchéités thermocollantes sont également disponibles au mètre pour tissus respirants mais aussi pour les chaussons néoprènes, ces dernières ayant uniquement un rôle protecteur de la couture soudée du chausson et non d’étanchéité, les chaussons étant assemblés par collage.
Pour la mise en œuvre, vous aurez besoin d’un fer à repasser, ou d’un fer de fartage à ski ou d’une mini presse utilisée dans la personnalisation textile. Il est préférable d’avoir un appareil sur lequel la température de chauffe est réglable afin d’être le plus précis possible sans endommager le vêtement à réparer. Il vous faudra également du papier cuisson et d’un support type planche à repasser. Le papier cuisson est là pour éviter un contact direct entre le tissu ou le néoprène et la source de chaleur afin d’éviter de l’endommager.
La mise en œuvre
Les accrocs sur le tissu respirant
Pour les gros accrocs, je vous conseille une double réparation qui consiste à appliquer un patch de colle à l’extérieur et un patch en tissu respirant thermocollant côté intérieur. Pour se faire, traitez d’abord la face intéieure de votre wader. Chauffez votre fer à repasser. Il est impératif que ce dernier soit à une température suffisante pour ramollir la colle et la rendre adhérente. Vous devrez certainement procéder à un ou deux tests avant de trouver le bon réglage. Pas de panique, la colle réagit à la chaleur, en cas d’erreur, vous n’aurez qu’à chauffer à nouveau le patch pour le retirer facilement. Sélectionnez et placez un patch thermocollant à l’emplacement de l’accroc puis couvrez le d’un papier cuisson. Apposez le fer bien chaud sur le patch. Exercez une pression franche tout en réalisant un mouvement circulaire sur le patch pendant une douzaine de seconde. Retirez le fer et le papier cuisson. Contrôlez visuellement l’intervention. Un fin liseré de colle doit être formé autour du patch. Laissez refroidir.
Ensuite, intervenez sur l’extérieur du tissu abîmé. Si un fil apparait, vous pouvez le bruler à l’aide d’un briquet pour l’éliminer avant d’apposer la colle. Munissez-vous de la colle « Seam Grip ». Appliquez en une grosse goutte sur un support, en carton par exemple. A l’aide du pinceau fourni, brassez la colle et chargez le pinceau. Dans un mouvement circulaire, appliquez la colle à l’emplacement souhaité. Laissez sécher au moins 12 heures. Appliquez une seconde couche de colle. Laissez sécher à nouveau.
Répétez ces opérations autant de fois que nécessaire pour reprendre l’ensemble des fuites.
Pour les simples piqûres, le collage des patchs thermocollants seul est suffisant pour pallier à toute fuite.
Les accrocs sur le néoprène
La plupart des fuites sur chausson de néoprène proviennent d’un pincement de ce dernier. En effet, pour être étanche, le néoprène se gonfle d’eau. S’il subi une agression par pincement, cette propriété n’existe plus, l’eau passera alors au travers du néoprène. Il est primordial de protéger vos chaussons lorsque vous enfilez le wader, en évitant de marcher sur les graviers ; lorsque vous mettez vos chaussures, en évitant le plus possible les plis ; lors du transport en évitant toute matière dure type métal contre le néoprène. Le coup classique ? C’est le coffre qui se referme sur votre chausson. Mais pas de panique, des solutions existent.
Pour les accrocs sur le néoprène et en particulier sur un chausson, vous n’aurez pas 36 solutions. L’usage d’une colle comme l’Aquasure + FD de Gear Aid est recommandé. A l’aide du pinceau fourni, appliquez la colle de manière circulaire à l’emplacement de la fuite comme pour le tissu respirant. Laissez sécher puis renouveler l’opération pour une seconde couche. Répétez l’opération des deux côtés du chausson. Pour une parfaite étanchéité, n’hésitez à recouvrir l’accroc en prenant une marge de plusieurs millimètres autour de ce dernier.
Les bandes d’étanchéités et de protection
Pour les bandes d’étanchéité, l’opération est un peu plus délicate. Après avoir défini la ou les sections défaillantes. Il faut commencer par retirer la bande défectueuse. Retournez votre wader côté intérieur. Utilisez un fer à repasser bien chaud, avec un papier cuisson pour protéger le tissu. Chauffez la bande à enlever pour rendre la colle souple. Retirez la délicatement. Retirez un maximum de colle tant qu’elle est souple pouis nettoyez les résidus de colle avec un dissolvant imbibé sur un chiffon. Séchez l’ensemble puis préparez votre bande neuve de manière à recouvrir par chevauchement la bande saine du wader. Personnellement, je prends un bon centimètre. Coupez les extrémités en prenant soin d’arrondir les angles à l’aide d’un ciseau. Des angles prononcés faciliteront le décollage de la bande alors que des bords arrondis seront bien plus solides. Replacez la nouvelle bande, bien centrée sur la couture. De la même manière que pour l’opération précédente, chauffez la pour activer la colle en exerçant une pression ferme sur le fer à repasser pendant une douzaine de seconde par section.
Dans le cas où votre section défaillante comprend une intersection de bande, il vous faudra reprendre également le patch en forme de disque qui recouvre cette intersection et sans doute les deux bandes concernées. Pour recouvrir ces dernières, je vous conseille d’utiliser alors un patch de 7,5 cm de diamètre. Il sera apposé en dernier pour recouvrir le croisement des bandes.
Attention, si vous apposez une bande sans recouvrir celle qui suit, l’étanchéité ne sera pas assurée. L’eau suivra la couture jusqu’à trouver l’endroit où passer. Il faut absolument un chevauchement entre chaque bande et/ou patch d’étanchéité pour faire barrière à l’eau.
Bien entendu, pour ceux qui ne souhaitent pas en arriver à cette technique, vous pourrez toujours utiliser la colle « Seam grip » le long des coutures extérieures mais je trouve cette solution inadaptée tant qu’une intervention intérieure est possible.
Conclusions
La reprise des fuites d’un wader nécessite de la patience, de la méthodologie, et la connaissance des bons produits et matériaux. Les réparations « home made » peuvent s’avérer économiques, et durables si l’on est un peu consciencieux.
Pour ceux qui le désirent ou pour les réparations plus techniques, il est également possible de faire intervenir un professionnel. Peu d’offres existent en France mais Field and Fish propose ce service. Pour les réparations standards, nous procédons aux réparations en interne. Lorsque les travaux nécessitent un peu plus de savoir-faire (couture, empiècement, chaussons, pose de bandes techniques), nous externalisons actuellement les travaux vers un atelier local sur Annecy. Cet atelier dispose de toutes les machines industrielles pour travailler comme en usine. N’hésitez pas à vous adresser à nous pour plus d’informations.
Pour ce qui est des chaussures, le bilan est le même. Si le mal est pris à temps, tout est possible depuis la maison. Pour un recollage total d’une semelle, je vous conseille de passer plutôt par un cordonnier qui sera équipé pour reposer une semelle dans les règles de l’art ou reprendre une couture usée par la pratique.
De petits tutoriels vidéos seront bientôt disponibles sur notre chaine Youtube afin de vous guider dans ces différentes démarches.